Colombie
Des appels au respect de l'Accord de paix
- Raul Antonio Capote -
Des milliers de personnes ont manifesté à Bogota et dans
d'autres villes de la Colombie
le 18 mars 2019 pour exiger que le gouvernement d'Ivan Duque cesse de
faire obstacle
à la mise en oeuvre des accords de paix.
Le 8 mars, Cuba et la Norvège, pays garants
du processus de paix qui a abouti à l'Accord de paix final entre
le gouvernement colombien et les Forces armées
révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple (FARC-EP),
ont émis une série de considérations sur
l'adoption de la Loi statutaire sur la juridiction spéciale
pour la
paix (JSP).
Les pays garants ont exhorté les institutions de
l'État colombien à « garantir la protection de
l'Accord final et le strict respect de l'application des
accords », y compris « des dispositions relatives
à la JSP », qui ont été conçues
et convenues dans le but de garantir la vérité, la
justice, la réparation et la non-répétition.
« Si cette voie est obstruée,
l'épine dorsale sur laquelle repose l'Accord de paix final sera
fragilisée et la mise en oeuvre dans ses aspects les plus
essentiels restera en suspens », ont averti Cuba et la
Norvège, qui ont également mis en garde contre les
dommages infligés aux victimes et aux anciens combattants qui
ont déjà déposé les
armes pour entrer dans l'activité politique légale.
Le président de la République de
Colombie, Ivan Duque Marquez, a annoncé le 10 mars :
« Après avoir fait une analyse, je tiens à annoncer
aux Colombiens ma décision en expliquant mes arguments au pays.
J'ai décidé de m'opposer à six des 159
articles de la JSP pour des raisons
d'inconvenance
et d'inviter le Congrès de la République à en
débattre de manière constructive », ce qui a
été interprété par les partisans de la paix
comme un sérieux obstacle au processus.
Des centaines de manifestants en Colombie ont
protesté contre les objections du président Ivan Duque
à l'encontre de la Juridiction spéciale pour la paix,
l'un des piliers de l'accord conclu avec les FARC-EP. La Loi n'a
besoin que de l'approbation présidentielle pour entrer en
vigueur.
Manifestations pour la paix partout en Colombie le 18 mars 2019
Dans une lettre adressée à Antonio
Guterres, secrétaire général des Nations unies,
les membres des délégations qui ont rédigé
l'Accord de paix au nom du gouvernement colombien et des FARC-EP, les
membres du Congrès qui font partie des commissions de
paix du Sénat et de la Chambre des
représentants de la République, les
anciens ministres et hauts fonctionnaires, les victimes du conflit
armé, les dirigeants des organisations et des institutions
représentatives de la société civile, les
universitaires, les journalistes et intellectuels, les citoyens qui
travaillent pour la paix et la réconciliation nationale, ont
signalé :
« Nous exprimons notre profonde
préoccupation face aux tentatives visant à porter
gravement atteinte à la mise en oeuvre de l'Accord, à la
structure et au fonctionnement de la JSP, ainsi qu'au système
conçu pour faire respecter les droits des victimes. »
Les signataires ont ajouté que « pour que
la JSP puisse atteindre son objectif de demander des comptes aux
responsables de crimes contre l'humanité, de crimes de guerre
et, en général, de violations graves des droits de
l'homme, elle doit disposer de tous les outils institutionnels,
financiers et juridiques nécessaires en fonction de la
portée de
sa mission.
« Dans le cas contraire, il y aurait des risques
pour le plein exercice de leurs pouvoirs et des scénarios
où l'absence d'outils juridiques favoriserait l'impunité
et limiterait la garantie des droits des victimes. » Ils ont
rappelé que c'est dans cette loi « que l'autonomie
financière de la JSP est garantie, dont le budget a
déjà été remis en
question par le parti au pouvoir, le qualifiant
d'exagérément élevé ».
L'ONU a demandé à ce que l'Accord soit
respecté dans son intégralité, dans la mesure
où elle le considère comme essentiel au bon
déroulement du processus de paix en Colombie. Dans ce pays
d'Amérique du Sud, on souligne le caractère transitoire
du processus de paix, tout en déplorant que le président
persiste à dresser de nouveaux
obstacles ou à discuter à nouveau de questions qui
avaient été déjà réglées.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 12 - 30 mars 2019
Lien de l'article:
Colombie: Des appels au respect de l'Accord de paix - Raul Antonio Capote
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